Les spécificités de la lecture numérique
Titre | Les spécificités de la lecture numérique |
Type de publication | Article Web |
Année de publication | 2013 |
Auteurs | Rouet, J-F. |
Publisher | DOC POUR DOC |
Mots-clés | cognition, compréhension, lecture numérique |
Résumé | Dans un « monde numérique » où l’accès à l’information est de plus en plus aisé, et où l’information est multimédia, qu’est-ce qui différencie, selon vous, la lecture numérique des modes de lecture sur des supports imprimés ? Pour bien appréhender le statut de la lecture et ses évolutions contemporaines, il faut évoquer la profonde transformation que connaît le texte en tant que moyen de représentation et de communication depuis quelques décennies. Le texte numérique est apparu dans les années 1960 avec les premiers terminaux alphanumériques et il a connu une explosion avec l’apparition des PC multimédias et surtout l’avènement du Web. Il est assez profondément différent du texte imprimé et ce sur plusieurs critères : d’une part, le texte numérique n’a pas de caractère permanent (au sens de la permanence de l’imprimé). Il s’agit d’un texte virtuel, affiché à la demande de l’utilisateur et selon des caractéristiques variables d’une consultation à l’autre (par exemple selon que l’on travaille sur un PC avec grand écran, une tablette ou un SmartPhone). Ensuite, il n’est que rarement visible dans sa totalité. Le plus souvent le lecteur promène sur le texte numérique une "fenêtre d’édition", qu’il déplace à l’aide des outils fournis par l’Interface de l’éditeur ou du navigateur : barre de défilement, zoom, liens hypertextes. Enfin, le texte numérique est organisé selon des modalités très différentes du texte imprimé : il n’y a pas de standard de mise en page, pas d’arrangement sériel des pages comme dans le codex, mais au contraire une structure arborescente et/ou en réseau assortie d’une connectivité inter-textuelle qui n’a pas d’équivalent dans le monde de l’imprimé. Ensuite, il faut s’entendre sur ce que l’on entend par "lecture". Pour la plupart des spécialistes, la notion de lecture recouvre au moins deux grandes catégories de processus perceptifs et cognitifs : d’une part, le décodage du mot écrit, d’autre part la compréhension du sens du message. Or on ne peut comprendre pleinement la lecture que si l’on prend en compte d’autres processus indispensables à la lecture autonome dans le contexte d’activités finalisées. Ces processus comportent la recherche et l’accès au texte, son interprétation, son évaluation, sa mise en relation avec d’autres textes, et son usage en fonction des demandes du contexte. La lecture au sens du décodage n’est que peu affectée par le passage au numérique, si ce n’est un ralentissement et une plus grande fatigue liée à la médiocre qualité de l’affichage sur écran en comparaison de l’écrit imprimé. La compréhension au sens restreint du sens du passage affiché à l’instant t n’est pas non plus foncièrement modifiée. En revanche l’accès au texte, son interprétation et les autres processus caractéristiques de la lecture fonctionnelle sont assez radicalement modifiés par le passage au numérique. L’accès au texte est transformé par l’existence des outils informatiques de recherche et de navigation (moteurs, liens), mais aussi par les contraintes qui affectent la présentation du texte à l’écran, notamment sa moindre visibilité ; l’interprétation est modifiée par la diversification des sources et des supports de diffusion, et par l’incertitude qui règne souvent quant aux paramètres textuels fondamentaux que sont l’auteur, la date de publication, le support, la collation etc. La mise en relation entre textes est modifiée par l’apport des liens hypertextes et autres dispositifs de marquage et de référencement caractéristiques des environnements numériques. |
URL | https://www.docpourdocs.fr/spip.php?article528 |