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Penser la lecture dans un monde numérique

TitrePenser la lecture dans un monde numérique
Type de publicationArticle de revue
Année de publication2014
AuteursBélisle, C.
RevueQuébec français
Numéro173
Pagination28-29
Mots-clésécriture et lecture numériques, lecture numérique
Résumé

La lecture a eu, jusqu’à la fin du XXe siècle, un rôle dominant dans l’évolution et la diffusion de la culture et des valeurs humanistes. Depuis une quinzaine d’années, des voix s’élèvent pour nous alerter sur les dégâts du numérique et sur la disparition du livre, de la lecture et des lecteurs. Le monde numérique dans lequel nous avons à penser le devenir de la lecture est un monde de changements quotidiens qui touchent jusqu’aux structures les plus intimes de la société : la lecture n’y échappe pas. Le passage au numérique n’en est pas la principale cause, mais fait inévitablement partie de la solution. Il est difficile de prendre la mesure de changements qui s’annoncent titanesques non seulement en organisation et en production avec l’explosion des performances technologiques, mais aussi dans le champ de la culture et des valeurs, avec la démocratisation de l’information et la frénésie de communication minimale des réseaux sociaux qui sévit en ce moment. Il était prévisible que les pratiques de lecture, bousculées tout au long du XXe siècle par les médias, ne sortent pas indemnes des bouleversements en cours. Ce qui est plus surprenant, c’est l’immense peur qui semble s’être emparée de nombreux acteurs de l’écrit, du livre papier et de la lecture sur papier. D’autant plus que le marché de livre pour la jeunesse – papier et numérique – connaît une évolution florissante, que plus de la moitié des maisons d’édition en France ont maintenant une offre numérique et que la lecture elle-même est de plus en plus incontournable dans l’emploi toutes catégories. En quoi la lecture serait-elle menacée ? Les nouvelles pratiques de lecture qui se développent avec l’usage des supports numériques, et principalement l’écran, représentent-elles une réelle menace pour la lecture en profondeur, les valeurs humanistes et la culture ? Il est vrai que l’arrivée de nouveaux supports de lecture, de tablettes dédiées qu’on n’appelait pas encore liseuses, à la fin des années 1990, s’est accompagnée, notamment au début, d’une proclamation de la fin du livre papier. Étant donné l’aversion d’une grande partie de la population à l’époque pour la lecture à l’écran, quand ce n’était pas pour l’usage de l’informatique dans son ensemble, il n’est pas étonnant que nous ayons assisté à une levée de boucliers pour défendre le livre papier, les bibliothèques, les éditions et plus récemment la presse papier. Pour ces défenseurs autoproclamés, il n’y avait aucun doute que l’arrivée de ce nouveau support ne pouvait signifier que la disparition du livre tel qu’ils l’avaient connu, le livre papier, ce qui équivalait, pour nombre d’entre eux, à la fin du livre dans son ensemble. Or, à la différence du rouleau, qui présentait de multiples inconvénients et dont peu d’exemplaires subsistent, le codex et, notamment, sa version sur papier ont démontré leur capacité à traverser les siècles et pour le moment bénéficient encore de réels avantages comme support pour tout un ensemble de types de livres. De nombreux chercheurs ont attiré l’attention sur les transformations importantes dans l’écriture avec l’émergence de nouveaux types de textes numériques et, plus spécifiquement, dans les habitudes intellectuelles avec des modalités de lecture accélérée, en diagonale, et qualifiée généralement de superficielle. On retrouve une même peur du changement déjà connue maintes fois dans l’histoire du livre. Par exemple, un certain abbé Trithemius refusait, en 1492, les livres imprimés, et justifiait, dans son De laude scriptorum manualium, « sa position en prétendant que l’imprimerie poussait les moines à la superficialité : lire sans copier empêchait de pénétrer un texte en profondeur.1 » Parce qu’il fallait un certain temps pour copier un texte, on en avait conclu qu’il fallait le même temps pour entrer en profondeur dans un texte.

URLhttp://id.erudit.org/iderudit/72929ac