Dispositif didactique multimodaux (musique, BD, chanson)
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L’enseignement de la littérature est généralement caractérisé par des approches traditionnelles qui ne laissent que peu de place aux représentations personnelles des élèves et à la relation subjective qui pourraient servir de tremplin à une plus grande appropriation du littéraire. Or, l’influence de plus en plus grande des modes d’expressions numériques et la prédominance de l’image dans la sphère médiatique nous amènent à considérer la littératie médiatique multimodale (Jewitt, 2008; Kress et Van Leeuwen, 2001; Lebrun, Lacelle et Boutin, 2012) comme une approche favorisant l’appropriation du langage littéraire. Nous proposons d’analyser les effets d’un dispositif didactique qui mise sur la lecture et l’écriture subjectives et qui s’arrime avec les perspectives multimodales dans l’enseignement du français. De plus, ce dispositif est fondé sur le roman graphique. Pour cette recherche, nous avons mis à contribution des observations faites en classe de français au secondaire afin d’analyser des scénarimages (scénarios imagés) et des bandes-annonces produits par les élèves. Ce projet montre que les élèves actuels constituent une génération de sujets qui puisent à toutes les sources pour construire leurs références en lecture et en écriture. Notre recherche montre également que la multimodalité peut jouer un rôle fondamental dans l’appropriation du langage littéraire.
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Les élèves contemporains rencontrent de plus en plus de difficultés à lire. Ils délaissent souvent cette activité au profit d’autres plus ludiques. Il est désormais plus fréquent de les voir avec des écouteurs sur les oreilles lorsqu’ils attendent quelque part qu’avec un livre. Pourtant, musique et littérature sont deux arts qui ont connu des liens tout au long de l’histoire. Ces liens sont le reflet d’un matériau commun, qui est la voix. Or nous constatons que cette voix est porteuse d’un message qui semble mieux passer à travers la musique pour la jeunesse actuelle. C’est pourquoi nous avons imaginé une approche où la musique serait un levier pour aider les élèves à construire différentes compétences de lecteur. Pour construire cette expérience, nous nous appuierons sur l’adaptation en disque du roman Black Bazar d’Alain Mabanckou. Ce travail consiste à lire et étudier la voix de la musique et à la comparer à la lecture d’extraits du roman. Les élèves seront amenés à prêter une attention particulière au texte entendu, puis à s’inscrire dans une démarche d’analyse quant à la lecture des textes (les chansons et les extraits de roman). Enfin, nous essaierons de comprendre comment cette double lecture enrichit les sensibilités littéraire et musicale.
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le présent article légitime la production de planches de BD dans le cours de français, en distinguant deux compétences essentielles : le découpage du récit et la mise en page. Il montre que la BD peut modifier le rapport à l’écrit et révéler chez certains élèves des compétences d’écriture narrative que l’on ne soupçonnait pas. L'article jete les bases d'une didactique de la BD sur le versant de la production, et ouvre un champ d'étude nouveau dans le cours de français : celui de la création scénaristique.
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Parce qu’elle allie texte, son et image, la chanson, genre multimodal par excellence, se prête idéalement à une étude intersémiotique en classe de français. Pour permettre aux enseignants d’aller dans ce sens, un dispositif intéressant consiste à envisager successivement les trois strates à propos d’une même chanson. Le texte d’abord : les élèves sont invités à y repérer tour à tour (a) la prosodie, le rythme, les refrains, (b) les sons, les rimes, (c) les registres de langue, (d) le ton, le mode d’énonciation, (e) les actes de langage, (f) la structure narrative interne, (g) la relation externe qui est établie avec l’auditeur virtuel. La bande son ensuite : il s’agit ici d’étudier (a) l’instrumentation, (b) la voix, et (c) la scansion du texte. Le clip vidéo enfin, c’est-à-dire (a) la diégèse, l’histoire racontée par le clip, (b) les procédés de la narration visuelle, et (c) les rapports qui relient ces deux niveaux. Au départ d’un exemple utilisé comme fil rouge (une chanson de Maurane), cet article montre que cette démarche permet aux élèves de considérer chaque strate pour elle-même – tant en réception qu’en production –, sans être parasités par des éléments relevant des autres strates.