Nathalie Lacelle, Monique Lebrun
R2-LMM - Vol.3. NOVEMBRE 2016
La Revue de Recherches en LMM se veut un lieu de rassemblement des voix de toutes les disciplines qui s’intéressent à la multimodalité : l’éducation, la didactique, la linguistique, la sémiotique, l’éducation aux médias, les communications, les arts visuels et médiatiques, la littérature, le théâtre, le cinéma, la musique, l’univers social, les sciences de l’information, les technologies éducatives.
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International Standard Serial Number
ISSN 2368-9242
L'écriture numérique à l'école : nouvelles textualités, nouveaux enjeux
Lieu de publication: Montréal
Éditeur: Groupe de recherche en littératie médiatique multimodale
Date: novembre 2016
Périodicité: bi-annuel
Numéro ISSN: 2368-9242
Vous pouvez consulter les articles publiés dans ce numéro à partir des thèmes suivants :
- Enjeux relatifs à la perception
- Enjeux relatifs au support
- Enjeux touchant au scripteur du numérique
Vol. 3 | 2016 (novembre)
Les écrans et claviers tactiles utilisés par les enfants et les adolescents font émerger de nouveaux gestes d’écriture et de lecture, qui semblent modifier les habitudes acquises par chacun lors de l’apprentissage du lire/écrire.Le but de cet essai est de penser à ces nouveaux gestes de trois points de vue. La première partie de la réflexion se base sur les travaux anthropologiques de Leroi-Gourhan (2008a, 2008b), mettant en évidence la relation évolutive entre les supports, les gestes, le temps et les espaces culturels. La deuxième partie analyse les recommandations ministérielles françaises — de 2006, 2011 et 2015 — concernant l’enseignement des gestes d’écriture. La troisième partie prend appui sur les travaux de Bouchardon (2011) pour analyser les gestes émergents créés par les lecteurs sur support numérique. Les résultats mettent en évidence la nécessité d’intégrer des gestes émergents dans la culture de l’école comme moyen de valoriser la diversité des gestes, des outils et des supports de lecture et d’écriture.
Cet article rend compte d’une recherche exploratoire visant à décrire la réception du premier volume de la série Skeleton Creek, de Patrick Carman, auprès d’élèves de la première année du secondaire. Cette série propose des récits relatés alternativement, à partir du point de vue de chaque personnage, et sur deux supports (papier et écran). La lecture de chaque chapitre du journal, présentant le récit d’un des personnages, est suivie du visionnement d’une vidéo réalisée par un autre protagoniste, accessible sur un site Internet grâce à des mots de passe contenus dans le livre. Les résultats, dégagés par une analyse de contenu, ont été obtenus grâce à un journal de lecture et à des entretiens semi-dirigés. Ils mettent en relief trois modalités de la lecture des élèves : le processus de construction du sens, l’immersion fictionnelle et la faible adhésion au pacte de lecture préconisé par l’auteur.
L’article s’appuie sur le cadre théorique de la didactique d’une écriture de l’intertextualité (Houdart-Mérot et Mongenot, 2013), selon le modèle de la greffe discursive que présenteLe Goff (2011), sur celui de la génétique textuelle associée à une perspective didactique (Fabre-Cols, 2004 ; Doquet, 2011), et sur celui de l’écriture numérique (Saemmer, 2010, 2015) et des dispositifs d’innovations didactiques qu’elle favorise (écriture sur écran, écriture collaborative). Il se propose d’analyser une expérimentation menée sur une année, dans une classe de 3e année du secondaire : les élèves ont été conduits à écrire directement dans un texte d’écrivain et à opérer des manipulations de ce texte (de types supprimer, déplacer, coller et développer). Ils dialoguent ainsi avec le texte de l’auteur, apprenant de ce tissage qu’ils fabriquent eux-mêmes. Ce dispositif, mené selon différentes modalités, a permis de développer une posture d’auteur engagé dans son texte, ainsi que des compétences d’écriture littéraire.
De nos jours, le crayon côtoie le clavier obligeant la maitrise par l’élève du script ou de la cursive et de la saisie au clavier. Même si leur automatisation favorise l’écriture de textes, peu d’attention est portée à ces modalités d’écriture. Cette situation a motivé la réalisation d’une étude comparant les performances (graphomotrices, rédactionnelles) d’élèves de 6e année (N= 84) en fonction de l’outil d’écriture (crayon, clavier). Les résultats aux tâches d’écriture (écriture de l’alphabet [1 min] ; écriture d’un résumé) révèlent que le clavier favoriserait la vitesse d’écriture (groupes script et cursive) et la production de textes plus longs et mieux détaillés (groupe cursive). Ces résultats suggèrent donc que le clavier serait favorable aux performances rédactionnelles.
Afin de cerner le processus d’écriture numérique, son enseignement et son évaluation, les auteures ont interrogé les bases de données récentes par thèmes (processus, stratégies, compétences, matérialité, genres et évaluation de l’écriture numérique). L’article présente tout d’abord les caractéristiques génériques de l’écriture numérique, soit l’hypertextualité, un design adapté, l’interactivité, la multimodalité et la collaboration. Il formule ensuite, sur cette base, vingt recommandations documentées pour favoriser son enseignement à l’école. Ces recommandations vont des précautions technologiques à prendre aux questions éthiques, en passant par des conseils à propos de la structure des textes, des compétences à privilégier, des ressources auxquelles recourir et des suggestions quant aux modalités didactiques d’application.
En complément de lecture, lire le rapport sur l'écriture produit pour le compte du Ministère de l'Éducation, Enseignement supérieur et Recherche du Québec : Recherche documentaire sur la compétence à écrire au XXIe siècle
Par ailleurs, pour une vision complète et illustrée des travaux des mêmes auteurs sur le sujet, voir l’ouvrage de Lacelle, N, J.-F. Boutin et M. Lebrun (2017). La littératie médiatique multimodale appliquée en contexte numérique. LMM@. Outils conceptuels et didactiques. Québec : Presses de l’Université du Québec.
http://www.puq.ca/catalogue/livres/litteratie-mediatique-multimodale-appliquee-contexte-numerique-3133.html
De l’art aux sciences humaines, comment amener des élèves à tirer profit des œuvres en contexte muséal au moyen du numérique mobile ? Nous présentons la mise en place d’un projet de recherche-développement avec le Musée des beaux-arts de Montréal et des écoles primaires montréalaises visant la conception et la mise à l’essai d’un dispositif muséo-techno-didactique. Ce dispositif recourt à un prototype d’application pour les technologies mobiles que nous avons conçu pour une expérience muséale au croisement des arts visuels et des sciences humaines. Après avoir exposé la démarche de conception et la mise à l’essai du dispositif auprès de 3 classes de 3e cycle, nous explorons son potentiel pour le raisonnement en sciences humaines au contact des œuvres d’art, plus spécifiquement sous l’angle de l’interprétation d’œuvres d’art figuratives pour leur valeur documentaire. L’analyse des vidéos réalisées montre l’intérêt du dispositif pour stimuler et recueillir le raisonnement des élèves, mais démontre aussi certaines faiblesses dans la contextualisation des œuvres, possiblement liées à des connaissances limitées concernant les réalités passées étudiées.
La didactique de la lecture est en constante évolution depuis une vingtaine d’années au Québec et intègre progressivement les TICs et les compétences multimodales (Lebrun, Lacelle et Boutin, 2012). D’un point de vue épistémologique, la phénoménologie de la lecture repense le rôle du lecteur à la lumière de ces changements. Cette étude se penche sur les « transactions » (Rosenblatt, 1978) chez des lecteurs du CÉGEP entre les deux formes d’Incendies, soit un texte dramaturgique et une adaptation cinématographique. À partir d’une récente étude sur les réactions esthétiques multimodales d’élèves de 3e secondaire en situation de lecture textuelle (White et Lemieux, sous presse ; Lemieux et Lacelle, 2016) et nous inspirant d’un modèle théorique de la lecture/spectature (Lacelle, 2009, 2012), nous présentons les résultats d’une étude de cas retraçant les moments d’engagement dans l’univers narratif d’Incendies dans sa forme écrite (monomodale) et filmique (multimodale). Cette étude fournit des pistes conceptuelles et empiriques ainsi que de nouveaux ancrages épistémologiques — en l’occurrence, dans le domaine des arts — pour les recherches à venir dans le domaine de la didactique de la lecture.