Magali Brunel, Université Grenoble Alpes, LITT&ARTS (LITEXTRA)
Nathalie Lacelle, Université Québec à Montréal (UQAM), Titulaire de la Chaire de recherche UQAM en littératie médiatique multimodale
R2-LMM - Vol.5. MARS 2017
La Revue de Recherches en LMM se veut un lieu de rassemblement des voix de toutes les disciplines qui s’intéressent à la multimodalité : l’éducation, la didactique, la linguistique, la sémiotique, l’éducation aux médias, les communications, les arts visuels et médiatiques, la littérature, le théâtre, le cinéma, la musique, l’univers social, les sciences de l’information, les technologies éducatives.
La publication de la Revue de Recherches en LMM se fait exclusivement en ligne afin d’assurer l’accès libre aux écrits scientifiques. La procédure de sélection des articles suit rigoureusement les critères des publications scientifiques : relecture à l'aveugle par deux ou trois experts, échanges suivis entre le responsable du numéro, les rédacteurs de la revue, les auteurs et les relecteurs pour aboutir à la version finale de l'article. La Revue de Recherches en LMM publie exclusivement des articles en langue française.
International Standard Serial Number
ISSN 2368-9242
Du texte à l'écran : nouveaux corpus, nouvelles pratiques dans l’enseignement de la littérature
Lieu de publication: Montréal
Éditeur: Groupe de recherche en littératie médiatique multimodale
Date: mars 2017
Périodicité: bi-annuel
Numéro ISSN: 2368-9242
Vous pouvez consulter les articles publiés dans ce numéro à partir des thèmes suivants :
- Pratiques effectives d’enseignement de la littérature avec le numérique
- Outils et supports didactiques pour la lecture et l’écriture littéraire
- Compte-rendu d’expérience pédagogique
Vol. 5 | 2017 (mars)
Afin d’interroger l’impact de l’utilisation du numérique sur les évolutions éventuelles des pratiques d’enseignement de l’approche analytique des textes littéraires dans les classes du secondaire, une enquête par questionnaire a été menée fin 2015 auprès de dix-sept professeurs. Si l’enquête révèle une utilisation limitée des écrans par les élèves eux-mêmes, elle permet de constater un emploi quasi généralisé de la vidéoprojection. L’article tend donc à identifier les enjeux auxquels ses usages répondent et, par là même, à cerner la place et le rôle que les enseignants accordent, dans leurs pratiques d’enseignement de la lecture analytique, aux projections de textes littéraires et d’images, d’une part, et de textes de lecteurs suscités sur des blogues de classe, d’autre part. Sont questionnées les transformations que ces projections induisent ou non dans les modalités de formation des sujets lecteurs et mis au jour les déplacements conceptuels que l’utilisation des outils numériques requiert, si l’on considère que celle-ci est susceptible de favoriser l’évolution, nécessaire, des pratiques d’enseignement de la littérature.
Ces dernières années, de nombreuses écoles secondaires au Québec, surtout des écoles privées, rendent l’achat du iPad obligatoire pour tous leurs élèves et tentent de systématiser son utilisation. Néanmoins, il semble que les résultats des recherches empiriques demeurent plutôt rares sur l’utilisation des tablettes numériques en classe. Dans le cadre de cet article, nous présentons quelques réflexions sur l’usage du iPad pour l’enseignement de la lecture et l’écriture, réflexions dégagées d’une étude de cas menée auprès d’une enseignante de français du secondaire qui vit présentement cette implantation dans son milieu.
L’objet de cette étude est d’examiner l’évolution d’usages personnels de la vidéo-projection en classe de français, en lycée, dans le cadre de la lecture analytique, en partant de mes premiers diaporamas, qui datent de 2007 et se révèlent très magistraux et descendants, créant une fausse interactivité avec la classe. J’ai ensuite choisi de construire les diaporamas en classe, avec les élèves, en négociant par le dialogue le contenu des analyses que nous rédigions ensemble. Enfin, depuis deux ans, grâce à l’outil collaboratif Padlet, j’accrois la réelle participation des élèves, en partant de leurs réflexions spontanées, qui vont s’inscrire directement sur le tableau collectif autour du texte étudié. Ces différents usages de la vidéo-projection s’accompagnent donc au fil des ans d’un véritable renversement de ma posture d’enseignante, passant du face à face au côte à côte.
Au secondaire, les blogues qui prolongent la classe de littérature par des échanges entre élèves lecteurs offrent, à la fois, des situations d’enseignement innovantes et des traces utiles pour en appréhender des effets d’apprentissage. L’article commente des résultats d’une étude portant sur des pratiques effectives d’échanges asynchrones pour la formation du lecteur de littérature dans le secondaire français. Il interroge les évolutions des lectures verbalisées à travers des séquences de publications sur des espaces numériques.
La catégorisation des énoncés asynchrones sera éclairée par la présentation d’un cadre théorique articulant les notions de « texte de lecteur » (Mazauric, Fourtanier et Langlade, 2011) et de « texte de lecture » (Trouvé, 2011). Les résultats obtenus à partir de deux corpus de billets échangés par des élèves de seconde générale distinguent les progressions des retours sur les expériences de lecture et les évolutions des propositions interprétatives.
Poésie et web peuvent-ils faire bon ménage quand on enseigne en lycée ? Comment se manifeste et se construit le sujet-lecteur lors de la tenue d’un blogue de classe ? Quelles sont les incidences de l’organisation énonciative spécifique du blogue pour l’enseignement de la littérature ? Quels gestes de lecture-écriture multimodale sont développés ? À quelle phénoménologie de la lecture donnent-ils manifestement lieu ? En analysant le blogue i-voix, en tenant compte du témoignage des élèves et du professeur, on constate que les gestes de lecture en jeu, s’ils ne sont pas tous redevables au numérique, sont démultipliés, intensifiés et surtout finalisés lors de la tenue du blogue. Finalement, c’est peut-être parce qu’il n’est pas encore un genre scolaire que le blogue de classe fait éclore des expériences littéraires mobilisatrices, créatives et fédératrices pour la communauté constituée des lecteurs.
Cette étude questionne les conditions d’appropriation d’un savoir historique à travers l’écriture d’un texte final par des élèves de 5e année, lorsque la leçon s’appuie sur un document numérique, selon deux scénarios différents : dans un cas, les enseignants ont utilisé librement le support, dans l’autre, ils devaient suivre un protocole coélaboré avec les chercheurs. Les scénarios diffèrent notamment par les opérations cognitives dont témoignent les textes produits : recherche d’informations ponctuelles versus synthèse et organisation des informations relatives à une question. Cependant, si les élèves réussissent à faire seuls ce qu’ils ont appris à faire lors de la séquence, leurs textes ne rendent pas compte de l’entrée dans le raisonnement historique.