Jean-Charles Chabanne, ENS de Lyon-Université de Lyon
Nathalie Lacelle, Université du Québec à Montréal
Moniques Richard, Université du Québec à Montréal
R2-LMM - Vol.6. DÉCEMBRE 2017
La Revue de Recherches en LMM se veut un lieu de rassemblement des voix de toutes les disciplines qui s’intéressent à la multimodalité : l’éducation, la didactique, la linguistique, la sémiotique, l’éducation aux médias, les communications, les arts visuels et médiatiques, la littérature, le théâtre, le cinéma, la musique, l’univers social, les sciences de l’information, les technologies éducatives.
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International Standard Serial Number
ISSN 2368-9242
Relations intersémiotiques en didactique des arts et de la littérature
Lieu de publication: Montréal
Éditeur: Groupe de recherche en littératie médiatique multimodale
Date: décembre 2017
Périodicité: bi-annuel
Numéro ISSN: 2368-9242
Vous pouvez consulter les articles publiés dans ce numéro à partir des thèmes suivants :
- Savoirs interdisciplinaires pour fonder une didactique de la création ou de la réception
- Recherches-développements sur des pratiques didactiques multimodales innovantes
Vol. 6 | 2017 (décembre)
Comment analyser les arts et faire apparaitre leurs relations ? Un parcours des liens entre les arts, formulé par Deleuze et Nancy, aboutit à fonder les relations interartistiques ou bien sur la somesthésie, ou bien sur le jeu de la métaphore qui fait circuler d’une sensorialité à l’autre par le langage. Nous présentons une expérience de réception de musique et de texte, menée auprès d’étudiants de troisième année en licence de lettres. Les étudiants ont choisi une musique et un texte qui leur apparaissaient semblables quant aux atmosphères que les deux œuvres proposaient. Ils ont qualifié synthétiquement ces ressemblances. Ils ont ensuite affiné l’analyse musicale et textuelle pour chercher les points communs entre les caractères de ces œuvres. Le but est de faire acquérir une méthode pour comparer les œuvres mais aussi un vocabulaire et une aptitude à analyser les percepts dans tel ou tel domaine artistique. La méthode proposée permet à chaque étudiant de qualifier sa réception des œuvres sur le plan de l’humeur et de la technique.
Dans le contexte de prescriptions institutionnelles qui favorisent les rapprochements entre arts et littérature et celui des nouvelles potentialités qu'offre le numérique s'ouvrent des perspectives didactiques pour un enseignement de la littérature en dialogue avec les arts (Chabanne et Dufays, 2011). L'on se propose de s'appuyer sur une réalisation de classe, fondée sur l’étude de Tentative d'épuisement d'un lieu parisien de Perec, en relation avec un espace architectural urbain, pour interroger l'intérêt de la mise en relation d'œuvres artistiques dans le développement d'une approche sensible. Dans ce contexte, nous montrerons en particulier le rôle des ressources numériques et multimodales, les élèves étant conduits à reconfigurer l’espace urbain vu, photographié, filmé, dans diverses productions de ce type.
Les programmes de français, en France, évoquent le passage par le commentaire pictural pour apprendre le commentaire littéraire. Or les écarts entre les deux arts sont tels que le transfert de l’un à l’autre ne peut aller de soi. Cet article s’attache à montrer que la description de l’expérience esthétique par Schaeffer (2015) peut fournir un modèle de l’activité attendue des élèves. Leurs commentaires picturaux, comme l’illustrent ici quelques exemples, sont plus souvent analysables comme la mise en mots d’une expérience esthétique que leurs commentaires littéraires. Ceci confirme l’intérêt d’un détour par la peinture mais permet aussi de penser que les catégories de Schaeffer, adaptées au cadre scolaire, peuvent aider les enseignants à accompagner leurs élèves du commentaire d’un art à l’autre.
Comment faire accéder tous les élèves à une pratique artistique qui permette affirmation et émancipation ? L’article propose un rapprochement entre ateliers d’écriture et pratique plastique comme des moyens complémentaires pour cela. Face à la tension qui apparaît chez certains élèves entre désir de produire et sentiment d’être démuni, les arts « font assauts » contre l’enfermement social et scolaire. Les ateliers d’écriture que propose Bon (2000, 2007, 2011), en particulier, ainsi que les propositions de pratique plastique apportent des réponses convergentes. L’analyse des textes significatifs des auteurs de chaque domaine fait apparaître des logiques d’action qui sont mises en évidence et rapprochées. Un premier socle d’action repose sur ce qui constitue toute subjectivité : un corps, une biographie, et une socialité que les « écritures » linguistiques et plastiques sollicitent et interrogent. Un cheminement dans les propositions d’écriture est alors possible : il aide à développer progressivement une conscience de l’écriture, de ses enjeux et de ses moyens.
Cet article s’interroge sur la place qui est faite à l’émotion dans l’enseignement de la compréhension/interprétation en lecture. Recourant à des apports issus de la psychologie cognitive et de la critique littéraire, on cherchera à articuler les deux épistémologies au service de la didactique de la lecture et à inscrire cet article dans le courant dit théorique ou spéculatif de la recherche en didactique. Un album de littérature de jeunesse, L’Herbier des fées (Lacombe et Perez, 2011), dans sa version papier et numérique, servira de texte support à une analyse des discours multimodaux et aboutira à un constat : la nécessité d’inclure dans la formation, des enseignants et des élèves, des contenus qui visent à construire une sémiologie de l’image.
L’article rend compte d’une expérimentation en classe de lycée (seconde) en France : il s’agit d’évaluer la pertinence et l’efficacité de la lecture subjective de l’enseignant dans les pratiques d’apprentissage du texte littéraire. Pour ce faire, en s’appuyant sur sa formation en master 2, qui vise à initier les étudiants aux concepts de sujet lecteur, de lecture subjective et de texte du lecteur, la stagiaire a élaboré pour sa classe un protocole d’étude de L’Écume des jours de Boris Vian en respectant la pluralité artistique, littéraire, visuelle et surtout musicale, de l’œuvre. L’expérimentation pédagogique s’est particulièrement focalisée sur l’écoute musicale de morceaux de jazz en lien étroit avec le roman et s’est révélée particulièrement productive en termes de motivation des élèves et d’apprentissage en lecture et écriture.
Face à la transformation des modes de communication et d’apprentissage dans lesquels l’image occupe une place de plus en plus importante (Bleed, 2005 ; North Central Regional Educational Laboratory et Metiri Group, 2003), le développement de compétences spécifiques à la littératie visuelle (visual literacy) est primordial pour faire face aux défis du monde contemporain. Pourtant, ces compétences et leur développement, à l’école et hors école, demeurent très peu étudiés, d’où la réalisation d’une étude visant à identifier et à décrire les pratiques d’apprentissages formels et informels d’étudiants au baccalauréat en matière de littératie visuelle. Les résultats de cette étude permettent de mettre en lumière l’usage, en contextes formel et informel, des outils de communication dans lesquels l’image occupe une place importante chez les étudiants sondés, l’usage et les enjeux de l’aspect visuel dans les sources d’information et de divertissement, l’importance accordée aux compétences liées à la littératie visuelle et le sentiment de compétence des participants de l’étude à l’égard de ces dernières. Deux constats importants ressortent de cette étude : les pratiques d’apprentissage présentent des ressemblances, mais aussi des différences selon le contexte dans lequel elles sont mises en œuvre (vie personnelle vs vie académique) et ces pratiques, en matière spécifiquement de littératie visuelle, illustrent la prise en compte de plus en plus importante (mais encore trop partielle) de l’image comme mode de communication et d’apprentissage.
L’article porte sur les images produites par les jeunes lecteurs pour évoquer leur lecture personnelle d’oeuvres littéraires. Comment, en effet, les prendre en compte ? Il s’agit de les considérer dans leur diversité qui peut être technique, dépendre d’une variété de références, mais aussi liée aux rapports divers que les élèves entretiennent avec les textes qu’ils lisent. Dès lors, les professeurs doivent porter attention à ces images, aussi bien dans les consignes qu’ils donnent que dans les retours qu’ils font dans les classes des écrits sur la lecture.
Cet article pose le problème du cloisonnement des pratiques artistiques et pédagogiques dans la formation universitaire d’enseignants spécialistes en art. Pour y répondre, nous croyons que la mise en œuvre de dispositifs hybrides et multimodauxqui croisent les postures identitaires et transgressent les frontières disciplinaires (art et littérature) peut favoriser l’articulation de ces pratiques. Notre cadre conceptuel repose sur les concepts de dispositif et d’objet-frontière en lien avec la conduite de projet. Notre objectif est d’évaluer des dispositifsdans une démarche descriptive combinant recherche-action et récit de pratique. Suite à une analyse préliminaire, nous constatons la spécificité de chacun des objets utilisés ou produits dans le dispositif tout en privilégiant la transgression de leurs frontières. Ces résultats ont toutefois des limitesquant à leur transférabilité à d’autres contextes, ce qui nous amène à conclure au besoin de tester ces dispositifs dans d’autres milieux en intégrant des spécialistes de la littérature.
Cet article présente l’adaptation d’extraits de roman en planches de BD par les élèves d’une classe de lycée général. De la formulation collective d'une intention de sens, en amont de la production, jusqu'au commentaire explicatif des réalisations en aval, l’article examine comment le détour hétéro-sémiotique par un autre médium peut rejaillir sur la lecture du texte littéraire. Si l'activité fictionnalisante du lecteur est indéniablement mise en mouvement dans toutes ses dimensions, elle ne trouve pas véritablement son pendant objectivant dans un retour au texte. C'est la dimension multimodale et le passage par la bibliothèque d'images, plus que la dimension transmodale, qui s'avère efficace pour dépasser la compréhension littérale. En revanche, le processus d’adaptation, en redéfinissant la frontière entre lecteur et auteur, favorise chez les élèves un recul réflexif sur les stratégies narratives, dans la production de la planche de BD elle-même.
L’enjeu de cette étude est de savoir de quelle manière peut se concevoir un projet de création littéraire numérique en CM2-6e et ainsi contribuer au développement de la connaissance des approches sociodidactiques et anthropologiques d’intégration du numérique dans l’école et des usages par les enseignants et les apprenants. Pour cela, nous avons interrogé les usages du numérique dans le champ de la lecture au sein d’un projet passerelle primaire-secondaire de création articulant littérature numérique et histoire des arts. Dans ce contexte, nous avons analysé le projet intitulé Art et littérature numérique à partir d’un cadre théorique emprunté à Saemmer (2015), Richard (2015), Lebrun, Lacelle et Boutin (2012) et Le Goff (2010). Les résultats de cette étude indiquent entre autre une optimisation des apprentissages fondamentaux, la redéfinition d’un lecteur actif en interaction avec le texte, un accès à la compréhension plus ludique augmentant de fait le plaisir de lire.
À partir d’un corpus d’albums de littérature jeunesse mettant en scène les arts visuels japonais, une expérimentation de médiation interculturelle en formation d’adultes sur la lecture d’images a été menée. Visant à faire écrire dans des carnets de lecture, à partir de l’image, des écrits subjectifs formés de marqueurs psychoaffectifs, interprétatifs et culturels, fondés sur le ressenti et les liens possibles avec sa propre culture littéraire, l’expérience développe un parcours subjectif de lecture. À l’aide d’une typologie des approches interculturelles, nommées désignée, croisée et plurielle, et d’une méthodologie qualitative, l’objectif de cette étude est d’ordre compréhensif, comme réflexion sur le déploiement de l’identité culturelle.